"Le lyrisme des profondeurs"


  Envoûtements d’étendue. Vagues d’immensité. Lyrisme des profondeurs. La première impression est celle d’un déploiement infini, d’un resserrement chromatique extrême qui donne vie totale à la puissance éclairante d’une implacable couleur. Comme un rythme d’univers dans un emportement quasi cosmique. Mystique et peinture s’étreignent.

  Les cieux denses de Piero Cavalleri absorbent tous les contours, en brumes profondes qui dématérialisent le monde. Un bleu-nuit d’oubli, qui toujours s’éloigne, sublime la matière noyée dans ses secrets. Tout enfonce et tout renaît, exaltant la tension des demi-teintes qui s’étagent jusqu’aux lumières délivrées, quand l’étendue se déploie sans limite.

  Les paysages abstraits de Piero Cavalleri sont de grands mouvements arrêtés, quasiment monochromes, et qui débordent d’énergie. Le regard choisit son centre de gravité dans l’échelle de la peinture, s’engloutit vers le bas, où le fond peut devenir sombre et tragique, mais s’élève aussitôt vers les hauteurs fluides, là où disparaissent les blessures du jour, dans l’ultime à portée de regard.

  Les souvenirs des choses terrestres deviennent autant d’ascèses picturales, et dans le miroir de ces méditatives partitions, la rationalité occidentale n’ose plus faire surface… L’amertume des choses est balayée, et l’espace tout entier respire.

  Mais il y a encore des failles, des fractures, des semblances de cités abandonnées, et des traces de meurtrissures vitales. Une main de scalpel laisse surgir de fines passerelles d’opacité, et le jeu tendu et fatal des noirs et des blancs accidente subtilement l’étendue. Parfois de suprêmes fulgurances charnelles vibrent dans l’espace. Elles disent l’éternité des désirs à jamais inassouvis.

  Christian Noorbergen.    


"Repondre à l'absurde..."


  Avec ses peintures, dessins, sculptures, installations ou plus récemment ses poèmes en images

Piero Cavalleri souhaite instaurer avec son public une sorte de conversation intime, parfois grave mais toujours optimiste, un échange sur ce qui lui semble devenir indispensable aujourd’hui : la nécessité de mettre en place une éthique de non violence en meme temps qu' une esthetique qui doit lui faire echo... une réponse à l’absurdité de bien des combats face à l’unique certitude absolue : la vie est courte mais vaut la peine d’être vécue autrement ...quand l’homme prend conscience de sa finitude.

Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Rome, licencié en Arts plastiques, plasticien enseignant avant tout, Piero Cavalleri propose dans son travail où l’humain présent est souvent confronté à un environnement oppressant ou oppressif, des espaces ouverts, rectangles de lumière ou espaces vides offerts comme des alternatives à l’enfermement et qui incitent le spectateur au dialogue avec l’autre, à l’échange bienveillant, à la tolérance, à l’harmonie.

  C.K.